Sarah Babineau, influenceuse lifestyle basée à Bordeaux, partage avec Urban Sports Club son parcours personnel sur la santé mentale. Après avoir traversé un burnout qui a profondément impacté sa vie, elle nous raconte comment la thérapie et le sport l’ont aidée à mieux gérer ses angoisses. En brisant les tabous entourant la santé mentale, Sarah souhaite mettre fin à l’isolement souvent causé par la peur d’en parler.
Je m’appelle Sarah, je suis une trentenaire, je suis photographe et j’ai un studio de création de contenu visuel. J’aime cuisiner, manger, déguster un rosé au bord de la piscine, connecter avec les humains, et voir de la magie partout où je vais. J’aime bouger, suer, courir, pédaler, et danser !
Il y a deux ans, j’ai fait mes valises pour quitter mon Québec natal. À 30 ans, je suis venue m’installer à Bordeaux et j’ai recommencé beaucoup de choses à partir de zéro. À travers les hauts et les bas de ce genre de déracinement et de la vie en général, il est facile de perdre pied et de faire passer tout et tout le monde avant notre bien-être physique et mental.
Je sais que nous sommes nombreux à être passés par là, voire à nous y enliser parfois, mais je sais aussi qu’il est possible de transformer un cercle vicieux en cercle vertueux. Oui, cela prendra du temps, du courage, de la discipline, mais surtout de l’empathie envers nous même et un désir profond de se choisir.
Pour ma part, le sport a été un élément clé de ma remise en forme mentale avant même d’avoir un impact sur ma santé physique. Je sais aussi que ce n’est pas un parcours linéaire, mais plutôt des choix que l’on doit faire chaque jour, ce qui est peut-être le plus complexe. Entre le boulot, les amis, les amours et les tracas de la vie, on perd souvent pied et on se met souvent au second plan, voire au troisième.
Bref, nos priorités s’accumulent comme sur une to-do liste du lundi, mais j’espère que cet article vous encouragera à vous octroyer le temps, l’énergie et l’amour dont vous avez besoin pour être bien dans votre corps et dans votre tête.
Pour ma part, le sport a été un élément clé de ma remise en forme mentale avant même d’avoir un impact sur ma santé physique.
Quel a été ton parcours personnel et qu’est-ce qui t’a amenée à t’intéresser à la santé mentale ?
J’ai eu un burnout professionnel en 2018 qui m’a amené à suivre une thérapie de deux ans avec un psychologue qui m’a accompagné dans plusieurs sphères de ma vie. Pour moi, cela a été une révélation. La vie n’avait pas à être aussi drainante et je n’étais pas obligée de traverser tout cela seule dans ma tête. On m’a donné des outils pour mieux me comprendre et comprendre les autres. Cela a été le début d’un grand changement pour moi sur beaucoup de points. J’ai quitté un job de 9 à 5 qui me vidait de toute mon énergie et je me suis tournée vers une carrière qui était en cohérence avec mes besoins, qui me donnait plus de temps pour prendre soin de moi à plusieurs niveaux.
Peux-tu décrire ce qui a conduit à ton expérience de burnout ?
J’étais dans un environnement de travail qui ne me convenait pas, avec des collègues qui n’avaient pas la même vision de l’entraide et du travail d’équipe que moi. J’évoluais dans un open space avec 30 collègues, et je suis une vraie éponge, donc je prenais sur mes épaules les émotions de tout le monde et je galérais à gérer tout ça. Je sentais bien que mon vase commençait à déborder et que je cumulais les frustrations.
Quels ont été les premiers signes qui t’ont alertée et t’ont fait réaliser que tu étais en burnout ?
Pleurer en me levant, avoir besoin d’un discours de motivation presque chaque matin de la part de mon partenaire, devoir prendre des pauses pour aller pleurer dans les couloirs de mon lieu de travail… Bref, plein de petits signaux qui s’accumulent, et j’ai pris la décision que je n’avais pas envie de vivre cette vie à 25 ans. Que je pouvais espérer autre chose et me motiver à changer d’environnement.
Comment as-tu pris conscience que tu devais demander de l’aide ou chercher un soutien ?
Une fois que la décision de démissionner et de me mettre à mon compte a été prise, j’ai déjà pu recommencer à respirer. Par contre, je me suis retrouvée seule, sans savoir exactement par où commencer pour me reconstruire. J’ai eu l’incroyable chance d’être entourée de potes qui, elles aussi, avaient cherché de l’aide, qui m’ont parlé de leur processus et m’ont recommandé des spécialistes qui les avaient aidées. C’est pour ça que, pour moi, la sensibilisation à ce genre de sujet est extrêmement bénéfique. Ça aide de voir que d’autres sont passés par là avant toi, que tu n’as pas à te sentir dévalorisé·e parce que tu demandes de l’aide, que l’après peut être encore plus beau et plus sain. Il faut des modèles qui montrent le chemin, et je leur en serai toujours reconnaissante.
Qu’est-ce qui te motive à partager ta propre expérience ?
J’ai longtemps eu l’impression d’être folle, isolée, imparfaite, et la première fois où j’ai ouvert la discussion sur mes différents réseaux, les témoignages ont inondé ma messagerie. À partir de ce moment-là, je me suis dit que si je pouvais aider à mon échelle à déconstruire les tabous en parlant librement de ces sujets sur mes réseaux, c’était important de le faire.
Quel est le meilleur conseil que tu aies reçu pour prendre soin de ta santé mentale ?
Ne pas avoir peur de chercher de l’aide auprès de professionnels. Aller voir un thérapeute, c’est comme aller voir un ostéopathe ou un kinésithérapeute. Pourquoi endurer la douleur ?
Penses-tu que le sport a un impact sur ta santé mentale ?
Absolument, surtout en tant que femme avec un cycle hormonal complexe. Cela m’aide à équilibrer mes humeurs et à décharger des tensions émotionnelles. Je vois une différence drastique les semaines où je n’arrive pas à intégrer des activités physiques dans mon emploi du temps. Sans sport, je peine à gérer ma sensibilité, je déborde plus facilement, j’ai de la misère à faire taire mes angoisses. Donc oui, pour moi, l’activité physique est un allié indispensable dans l’atteinte et le maintien de l’équilibre mental.
Donc oui, pour moi, l’activité physique est un allié indispensable dans l’atteinte et le maintien de l’équilibre mental.
Est-ce que tu fais du sport avec tes ami.e.s ?
Oui, c’est selon moi la meilleure façon d’être assidu avec son activité physique. Avoir des gens qui comptent sur votre présence, à la salle, sur la piste de course, à un cours de yoga, bref, je pense qu’on est plus facilement amené à apprécier faire du sport lorsqu’on est bien entouré et qu’on se soutient. C’est idéal pour ceux qui voient le sport comme une corvée, en y apportant une dimension de jeu, de plaisir et de rassemblement.
Quel est le message clé que tu souhaites faire passer sur l’importance de prendre soin de sa santé mentale ?
J’en ai trop, à commencer par l’importance de démocratiser la thérapie ! Nous méritons de prendre soin de chaque facette de nous-mêmes et c’est productif d’aller chercher de l’aide, de se prioriser, de prendre du temps pour se comprendre, de prendre du temps pour soi. Ce n’est pas égoïste car plus nous sommes en phase avec notre cœur, notre corps et notre tête, plus nous pouvons évoluer et devenir une version de nous dont nous sommes fiers et qui peut épauler les autres. C’est le cliché du masque respiratoire dans l’avion, mais c’est fondamentalement évident que nous devons nous aider nous-mêmes avant de pouvoir aider les autres.
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